extrait du texte le rêve moderne par Paul Laurent, janvier 2012
les matelas boules :
« Des matelas sont repliés, roulés et ligaturés, au contact les uns des autres ; ils se mêlent, se confondent, se mangent et s’engloutissent. Matelas boule 1, 2, 3, et matelas boule une vie. Ce sont des corps monstrueux — et tout travail à partir du matériau tissu, propre ou sale, garde quelque chose d’organique : non seulement la trace, mais la concentration des corps qu’ils portent. Ce sont des objets anthropophages. Aussitôt qu’ils sont détournés de leur usage, les tissus imitent les corps qui les ont abandonnés. Et cette imitation est une dévoration. Dans une lettre à adorno, parlant de son travail de réécriture dans la traduction d’un de ses textes, walter benjamin dit éprouver : « …l’urbanité cannibale, une attitude précautionneuse et circonspecte dans la destruction, qui trahit, j’espère, quelque chose de l’amour de ces choses, pour vous plus que tout familières, qui les met à nu.» »