Fossiles à vendre – Marc Voline

Fossiles à vendre par Marc Voline, octobre 1992

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La peinture d’Olivier Peyronnet est comme une auberge espagnole.

Chacun y trouve ce qu’il y apporte. Quand il était petit, Olivier Peyronnet collectionnait les scarabées. Aujourd’hui, on les retrouve dans ses toiles. En portrait, en file indienne sur les cadres, ils traversent toute sa peinture, comme l’avant-garde  de quelque cohorte diabolique. C’est qu’Olivier Peyronnet est un alchimiste. A l’heure où les peintures tombent de leur trame, il sollicite les matériaux les plus hétéroclites- résine d’acétate, pigments, bois, et zinc, pour défier le temps. Non sans l’aide de diverses divinités d’hier et d’aujourd’hui, Dyonisos et Eros, Hiroshima ou le Grand Cornu lui-même, qui se partagent ses thèmes de prédilection, comme au plus fort de la période symboliste. Il y a de l’apprenti-sorcier dans ses compositions les plus sombres. Eléments de mosaïques ou petits formats, évoquant irrésistiblement des bas-reliefs médiévaux ou l’univers d’Alien. Ca hurle, ça dégouline, dans cette pénombre brune où l’on devine d’étranges rites. Heureusement, au milieu de toute cette obscurité, des panneaux de couleurs vives, primaires, nous arrachent au sabbat pour nous inonder de clarté.

Chaque tableau, en effet, fonctionne avant tout comme un piège à lumière. Un phénomène particulièrement sensible dans les monochromes, où seule l’ordonnance respective des pigments, de l’éclairage et du spectateur compose l’image fulgurante d’un instant. Chacun y voit, finalement, ce qu’il veut bien y voir. Voilà une magie qui risque d’avoir d’imprévisibles effets sur les premiers témoins de cette exposition. Qu’ils ne s’inquiètent pas trop malgré tout. Pour peu que l’on bride son imagination, on peut très bien ne voir dans tout celà que d’élégants panneaux décoratifs. A côté des peintures, dessins et aquarelles sur papier, dont certains datent de l’enfance de l’artiste, viennent à la fois compléter le tableau et brouiller les pistes.

À vous de vous y retrouver…

7 à Paris / 7 octobre 1992 / page 72 / Marc Voline / La Dédicace

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