Trans-sites – Dominique Dhervillez

Trans-sites par Dominique Dhervillez, janvier 1995

 Télécharger le texte

Le regard se déplace dans la ville. Les lieux temporaires, le passage d’un site à l’autre sont les facteurs de la création.

Trans-sites, par sa démarche artistique particulière, intéresse les urbanistes : l’itinérance, l’arrêt sont questionnement sur la ville toute entière. Dans un langage qui ici, est celui de la création artistique, l’interprétation est recherche du sens des choses qui constituent les lieux.

Depuis plusieurs années, nous poursuivons une (en)-quête sur les traces et les formes urbaines du territoire particulier de Montreuil, celles des murs à pêches du haut-Montreuil, des cours industrielles du Bas-Montreuil, des trajets des piétons, qui traversent La Noue, des organisations particulières de l’atelier et de l’habitat dans cette ville où la mixité urbaine engendre la mixité sociale, le mélange des cultures et des métiers. Ces mélanges forment des systèmes organiques subtils, où les traces et les formes imbriquées expriment le sens de l’histoire du lieu, de ses archéologies, ses généalogies particulières et ses stratifications que l’amnésie menace. Mieux comprendre cette hétérogénéité atteste que nous sommes dans la question du sens, de l’identité urbaine et sociale, donc dans le contraire du chaos, celui dans lequel trop de « penseurs » relèguent la banlieue. Par l’expérience de Trans-sites, le regard des artistes intervient comme une lecture supplémentaire, un point de vue différent, autonome, sensible, révélateur, chaleureux, mais aussi incisif et intransigeant, voir dénonciateur. Ces lectures croiseront les nôtres, les confrontant ou les déstabilisant. Leurs créations, nous le vérifions certainement, ouvriront des voies nouvelles à nos recherches alchimiques.

Dominique Dhervillez
(Directeur du Service de l’Urbanisme de la ville de Montreuil)

Partager